A l’ère du tout numérique où une information se diffuse et fait le tour du monde en un temps record, les professionnels de la communication et les professionnels de santé expliquent, lors de Speed Visions au Festival de la Communication Santé, à Deauville, les conséquences qu’ont une telle propagation de l’information auprès du grand public, que ce soit lors d’épidémies ou dans la relation médecin-patient.
« Par des Speed Visions très riches d’enseignements, Stéphanie Chevrel - qui a créé l’Observatoire de l’Information Santé avec le soutien de la Chaire Santé de SciencesPo - a radiographié une dérive médiatique portant sur le cancer et le hasard. Ces dérives tendent à se multiplier avec l’émergence des nouveaux médias et des réseaux sociaux. Une dimension internationale a été apportée par le Dr Sylvie Briand, directeur de la Gestion des risques infectieux et du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, qui a alerté sur la communication à mener en cas de crise sanitaire pour lutter contre les infodémies. Enfin, Philippe Denormandie, chirurgien et directeur des relations santé à la MNH, a pointé du doigt la difficulté des relations soignants - soignés due à la rapidité d’accès à l’information et a souligné la prouesse de trouver avec le patient le compromis de ce qu’il souhaite à partir de l’information qu’il a reçue et de construire avec lui », présente Dominique Noël, présidente du Festival de la Communication Santé..
Sciences, médecine et medias… quand l’info dérape !
En regard d’une analyse aiguisée d’une dérive médiatique qui a duré 13 jours, Stéphanie Chevrel, fondateur de l’Observatoire de l’Information Santé, explique qu’ «aujourd’hui, une information fait le tour du monde en deux heures et le journaliste doit être le premier à la publier. Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle ère, l’ère des avatars de l’information ! Nous devons réfléchir à un nouveau GPS de l’information santé, développer de nouveaux outils d’analyse comme le Décodex du Monde ou les décryptages que nous relayons sur l’Observatoire de l’Information Santé. Bien sûr, le journaliste doit remonter à la source, mais il doit aussi plus que jamais distinguer la vraie information de ses nombreux reflets pour demeurer le garant d’une information scientifique authentique et fiable. »
A chaque épidémie, son lot de rumeurs
« Le phénomène de l’infodémie – épidémie de rumeurs - prend beaucoup d’ampleur avec les réseaux sociaux et les nouvelles possibilités de communication. Comme les épidémies augmentent avec les voyages, l’infodémie augmente avec les nouvelles technologies, c’est un enjeu extrêmement important à prendre en compte. Quand on essaie de gérer une crise sanitaire comme une épidémie, il est encore plus important d’avoir la bonne communication du risque de façon à ce que les gens soient impliqués dans la réponse et adoptent les comportements qui vont permettre de stopper la transmission de la maladie », insiste le Dr Sylvie Briand, directeur de la Gestion des risques infectieux et du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire.
Repenser les relations médecins-patients
Pour Philippe Denormandie, chirurgien et directeur des relations santé à la MNH, « nous sommes dans une vraie révolution de cette communication. Les outils sont obligés de nous requestionner. Nous avons deux solutions, soit on subit et regardez le malaise, une des causes profondes du malaise, ce n’est pas vraiment sur le moyen, c’est la modification de relation intime avec le patient qui ne se sent plus reconnu, donc ça n’a plus de sens, vous êtes paumé.
L’autre solution, on passe un accord et on reconstruit une médecine extrêmement positive mais pour ce sujet là, il faut tous « chasser en meute », ce n’est pas juste les docteurs, c’est tous ensemble qu’on doit imaginer et repenser cette médecine nouvelle. »
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