Si les professionnels de santé saluent unanimement la qualité de l’information santé diffusée par les médias professionnels, ils sont plus réservés envers les médias généralistes, principaux transmetteurs d’informations sur la santé auprès du grand public.
« Il y a beaucoup d’informations et d'émissions trop souvent centrées sur le "buzz" pour créer l’évènement sans forcément évaluer correctement. Or en science et en médecine, le travail complexe d'investigation avant d'affirmer des résultats est beaucoup plus long qu'on ne le pense. Les précautions ne sont pas toujours prises, les médias vont trop vite pour parler de travaux qui sont en cours d’élaboration », remarque le Pr René Frydman, > vidéo, spécialiste en reproduction humaine.
Trop d’informations tuent l’information
De faux espoirs suscités par les médias qui ont « le don d’agacer les professionnels de santé » pour le Pr Christophe Massard, > vidéo, oncologue médical à Gustave Roussy (Villejuif).
« Il faut se méfier d’une information non triée qui peut être parfois délétère pour les patients. Parfois, nos patients arrivent avec quantité d’idées reçues sur la maladie et les traitements alors que leur source d’information n’est pas bonne. Notre rôle est aussi de les orienter vers des sources d’information fiables et de reprendre avec eux ce qu’ils ont pu voir ou entendre », observe le Pr Jérôme de Sèze, > vidéo, neurologue au CHRU de Strasbourg.
Des idées préconçues sur leur maladie
Cet accès illimité à l’information santé impacte directement la relation médecin-patient comme le souligne le Pr Xavier Girerd, > vidéo, cardiologue au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris : « l’information santé conduit les patients à consommer la médecine de façon extrêmement différente. Je constate quotidiennement que la moitié des patients viennent avec un certain nombre d’idées préconçues sur leur maladie, sur la façon de la prendre en charge et attendent au fond la confirmation de ce qu’ils ont lu sur ces médias santé. »
Pour Cécile Monteil, > vidéo, entrepreneur, directrice médicale Ilumens, « le médecin va aider le patient, lors de sa consultation, à faire le tri dans l’information consultée créant ainsi une forme de partenariat qui va aider le patient à mieux gérer sa maladie et le médecin à mieux le soigner. »
Interviews réalisées en 2015 et 2017 par l’Observatoire de l’Information Santé soutenu par la Chaire Santé de Sciences Po et fondé par Stéphanie Chevrel, DG de l’agence RP santé, Capital Image.